Environnement : quand nous aurions tout détruit

Article : Environnement : quand nous aurions tout détruit
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21 mai 2020

Environnement : quand nous aurions tout détruit

La visibilité est nulle.  Nous sommes couverts par une brume de poussière. Nos pas s’alourdissent de plus en plus. Des grains de sable continuent à nous frapper aux visages. Sur nos pieds, la terre est sèche et la température est insupportable.  Nous continuons à marcher péniblement dans cette partie du monde désertée.

Où sont passés les habitants ? Ont-ils tous fui vers le sud ? ici, le désert a pris le dessous sur tout : les immeubles sont délabrés, les feuilles flétries, des arbres inanimés, les autres formes de vie fuient aussi vers le sud. Là-bas, semble-t-il, des gens tentent de survivre dans une atmosphère précaire. La température la plus miséricorde est de 51 degrés à l’ombre. Les lacs sont taris, la verdure n’existe quasiment plus.

Devons-nous poursuivre notre périple vers le sud ? D’ailleurs, c’est une destination que nous n’allons jamais atteindre. Alors, devons-nous renoncer et être engloutis par ce bouillard sans fin ? Ces questions retentissent dans nos têtes et amenuisent nos courages.  

Mais abandonner, c’est lâche ; continuer, c’est retarder l’inévitable. De toute façon, nous ne sentons plus nos jambes. Elles nous lâchent après tous ces jours et nuits de marche à la recherche d’une partie du monde vivable. « Si nous avons prêté attention à notre planète, tout cela n’allait jamais avoir lieu », monologue mon esprit. Il est trop tard et ce n’est pas le moment pour que ma conscience me fasse la morale.  J’en peux plus, ma course s’arrête ici, devant cette zone industrielle. Avant des défenseurs de l’environnement criaient « non à la pollution » en ce lieu où mon corps ne peut faire de plus pour moi.

Adossé contre un arbre essoufflé par le vent, je regarde le groupe s’éloigne de moi à pas incertains. Il m’abandonne comme nous avions abandonné tant d’entre nous. Personne ne se portait candidat pour me transportait. D’ailleurs, avec quelle force le ferait-il ?  Je reste là, seul, sans force de me défendre contre quoi que ce soit ? Ma gourde d’eau vide à mes côtés. J’attends.  À tout moment, je pourrais m’écrouler et les corbeaux festoieront sur mon cadavre. Cette pensée me hante, mais, en vérité, même les corbeaux ont immigré vers le sud pour fuir la mort lente et pénible que leur infligerait cette chaleur. 

Subitement, je commence avoir froid malgré ce lourd manteau qui me sert de couverture contre la poussière de sable.  Je ne ressens plus mon corps, ma respiration devient de plus en plus lente à l’approche de quelque chose que je peine à identifier. Ça me fixe de regard… De quoi s’agit-il ? Ça y est : c’est un être pas comme nous.  Brusquement, je sursaute. Ma respiration est plus vite que la normale.  La peur m’envahit. Mes yeux s’éclaircissent. Immédiatement, je me rends compte que je suis dans mon lit. À travers la fenêtre, je constate qu’il fait jour et la machine à vapeur propulse des fumées au-delà des maisons.  Il est peut-être temps de se réveiller et de s’occuper de notre environnement.

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