Carnet de voyage 2/2 : bloqué à Faya

Article : Carnet de voyage 2/2 : bloqué à Faya
Crédit: Nesta Yamgoto
29 avril 2021

Carnet de voyage 2/2 : bloqué à Faya

Nous avons atterri à 14 h. Le soleil est au zénith à l’aéroport de Faya-Largeau. Dès notre descente de l’hélicoptère, un homme est venu nous chercher. Dans sa tenue militaire, je parviens à lire son grade. C’est  le colonel de l’armée nationale. Il nous souhaite la bienvenue avec faste. Aussitôt, nous embarquons nos bagages dans son pickup.  Sans formalité, nous quittons le lieu et nous nous dirigions vers la résidence.

C’est un immense logement. Devant, deux gendarmes sont en faction. L’un nous ouvrir le portail.  L’autre, nous regarde franchir l’entrée. La cour est sublimée par un potage. Nous sommes accueilli et installé dans un boucaro à une dizaine de pas de la maison principale. D’un claquement de doigt, de l’eau et du thé nous a été servi. Un repas s’en suivit une heure plus tard. Sans gêne, nous avons tout mangé. Au crépuscule, un autre plateau nous a été déposé. Pendant que nous dévorons les morceaux de la viande grillée, comme des vautours, le doyen nous sonne de nous coucher tôt. Selon lui, demain, mardi, nous aurions à nous rendre sur le terrain.

L’imprévu

Mardi, il est 5 h du matin. Nous sommes tous éveillés. Le jour est presque complètement levé. Nous sommes sur le départ de Faya. D’un instant à l’autre, nous embarquons. Nous attendons juste le colonel d’hier. Une heure vient de couler. Le colonel ne se montre pas. Il est 10 h, l’homme n’est pas encore arrivé. Le vent souffle timidement ce matin et continue à s’amplifier. A 13 h, le majordome nous sert le même repas qu’hier. Dans le brouillard, nous avons tout raclé. A 18 h, nous sommes contraint de défaire nos couchages. Pile à l’heure, le majordome nous sert à manger. Une dizaine de minutes plus tard, il nous sert du thé. Nous ne l’avons plus revu jusqu’au lendemain matin.

Mercredi, il est apparu dans sa même tenu du premier jour : un complet de sport. « Je peux faire chauffer de l’eau pour celui qui veut prendre un bain tiède », nous dit-il avec sourire. Personne ne répond à sa proposition. Nous faisons semblant d’être concentré sur ce que nous faisons.

Finalement, c’est au troisième jour, jeudi, que nous avons pris un bain, vers 14 h. Dans l’après-midi, nous avons décidé de faire le tour de la ville de Faya-Largeau. Nous voulons juste nous dégourdir les jambes, dégager le stress et évacuer notre colère. Pour moi, la ville n’est pas vraiment bien bâtit. Sa beauté se cache derrière ses haut massifs, ses dunes de sable.  Elle est joviale par la beauté des femmes. Elle est authentique par l’élégance de ses hommes. Ils se rivalisent en nouant leur turban. Les plantations de palmiers sont visibles à perte de vu. Le mystère qui réside en plein cœur du désert rend le lieu plus touristique que jamais…

Le départ 

« Bonjour… nous devons partir », nous fait savoir le colonel. Dans l’urgence, nous plions nos bagages. A l’aéroport, nous apercevons enfin notre chef de mission. Bien droit, dans son boubou jaune crème. Face à lui, nous cachons notre déception. « Nous aurions dû poursuivre notre mission depuis le mardi, mais la météo n’était pas favorable », nous explique-t-il. A bord de l’engin, je me remémore la promesse faite à la maison. J’avais promis de revenir le lendemain de mon voyage. Il m’avait été dit que ça allait être un aller-retour. Et voilà, des jours que je suis bloqué ici sans la certitude de rentrer demain. D’ailleurs, où partons-nous ? personne de nous quatre ne le sait.

L’hélicoptère se pose. Autour de nous, il y a ni femmes, ni enfants. On compte que des hommes armés. Le lieu est immense.  Étendu sur une superficie que je ne saurais estimer. Des soldats sont fiers de nous voir. Nous prenons nos quartiers au cœur du camps. Après une heure de repos, nous commençons ce que nous sommes venus faire : rallier les factions rebelles. Enfin, nous savons l’objet de notre mission. Des rebelles sont à cinq kilomètres de position. Nous nous rendons sur le lieu sous haute sécurité. Malgré la crainte de chacun de nous, le ralliement s’est bien déroulée. La peur qui nous étouffait a soudainement disparu. Nous avons regagnés notre campement.

Au coucher du soleil, les soldats se hâtent pour nous céder leur couchage. Nous n’étions pas trop surpris par leur générosité. L’un d’eux, un lieutenant, il me semble, nous convie à la table. Au menu : de la viande grillée. Malgré notre manque d’appétit, nous avons tout mangé. Rassasiés, nous regagnons notre tente. Demain, samedi, nous allons mettre cap sur N’Djamena, via Bardaï et Faya. Exténué, je me bouche les oreilles pour ne pas être dérangé par le ronflement du doyen. Éveillé, j’attends encore le sommeil. Honnêtement, j’attends le levé du jour.

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