Confidence : une fille d’une nuit

Article : Confidence : une fille d’une nuit
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16 septembre 2020

Confidence : une fille d’une nuit

Ce soir, je me suis retrouvé en boite de nuit. À mon arrivée, il n’y a plus de place. Le lieu est plein à craquer. Je me faufile dans la foule pour atteindre le comptoir. Pas de chance, même ici, les tabourets sont occupés. De ce côté, des gens se tiennent debout. Chacun a sa bouteille de bière en main. Personne ne porte son masque, un sacrilège pour certains. Moi, d’un geste simple, je glisse le mien dans la poche arrière de mon pantalon. Maintenant, je suis comme eux. Au rythme de la musique, je dandine sur place à défaut de rejoindre la piste de danse jamais désengorgée.

Subitement, je tombe nez à nez avec une fille du quartier. Honnêtement, j’ignore son prénom. Ce soir, elle est plus séduisante que d’habitude. D’après ses mots, elle et ses cousines sont là pour fêter la réussite au baccalauréat de la petite sœur à sa meilleure amie. En gentleman, j’ai offert des bières à chacune. De loin, nous avons trinqué à ma générosité. Ma quatrième bouteille à peine vidée, des gens commence à quitter le lieu. Dans le lot, je vois la lauréate et ses sœurs sur le point de partir. Cinq minutes plus tard, la fille du quartier est revenue vers moi. « Mes cousines sont loin, elles rentrent tôt avant le couvre-feu », me justifie le départ hâté des autres. Nous, 15 minutes suffisent pour que nous rentrions avant l’ultimatum. Tout calcul fait, il nous reste 43 minutes avant de lever l’encre.

L’insoupçonné…  

Aussitôt, je nous commande des bières. En même temps, nous profitons de la piste de danse à moitié libérée. Après des danses en désaccord avec la musique, nous rentrons. Sans détail extraordinaire, elle m’a quittée un peu tôt le matin. Moi, je continue à tourner dans tous les sens dans mon lit. Je me remémore fièrement mes performances nocturnes. Soudainement, on toque à ma porte avec insistance. Quand, j’ai ouvert, j’aperçois trois policiers. Le plus robuste d’eux me demande de les suivre. J’ai juste eu le temps d’enfiler un tee-shirt. Embarqué comme un grand briguant, nous arrivons à la police. Au bureau, un seul visage m’est totalement inconnu, celui du commissaire. Les trois autres sont des ainés du quartier. Ils sont même surpris de me voir. « C’est lui », demande le commissaire au seul visage féminin dans la pièce. « Oui », répond la fille du quartier.

Moi, la peur m’envahie, l’incompréhension aussi. Ai-je passé la nuit avec une femme mariée ? Je suis convaincu qu’elle est célibataire. Mais pourquoi alors ? Est-elle vierge ? Je doute fort, notre intimité d’hier le prouve. Mais dans ce cas, pourquoi ? Est-elle mineure ? Impossible. Et cela m’importe qui peut témoigner. Serait-elle enceinte ? Cette hypothèse est plus qu’irréaliste que les autres. Mais alors pourquoi ?

En temps record ces questions m’ont traversées l’esprit. « Monsieur le commissaire, ce jeune garçon est respectueux. A chaque fois qu’il passe, il ne manque pas de nous saluer, c’est pourquoi nous décidons de retirer notre plainte à condition qu’il se fasse dépister du VIH Sida », conditionne le tuteur de la fille. De la tête, j’ai accepté la proposition. Sous escorte policière, nous nous dirigeons vers un centre de dépistage le plus proche…. L’aller n’a pas été plus terrifiant que notre retour. À cet intervalle, j’ai tout imaginé… L’envie de fuir me haranguait… J’ai les pieds glacés… Mes yeux sont toujours fixés sur l’enveloppe scellée qu’a remis le docteur. Le résultat du test s’y trouve dedans… Nous traversons la cour de la police… Il n’y a plus demi-tour… Mon sort sera fixé. 

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