« Je dois lui dire la vérité »

Article : « Je dois lui dire la vérité »
Crédit:
22 juin 2020

« Je dois lui dire la vérité »

Ce jour, les amis m’ont invité à prendre un pot avec eux. Ils étaient une dizaine autour de la table, à mon arrivée. Aussitôt, je fus installé et servi. D’une bière à une autre, nous avions vidé des cassiers. Je ne sais pas combien des fioles exactement nous avions vidées. Au lendemain, je me suis réveillé à l’entrée de ma chambre. J’avais une migraine insoutenable. Mon téléphone disparu sonnait sous le canapé. L’écran affichait un numéro inconnu. Après hésitation, je finis par décrocher. Au bout du fil, une voix féminine. « C’est Lissa, la fille d’hier soir au bar », me dit-elle. Après un instant d’échange, elle m’affirme vouloir venir chez moi récupérer ses photos d’hier. Quelles photos ? Je ne me rappelle pas l’avoir filmée. Et pourtant, dans la galerie de mon téléphone, il y a mille et une photos d’elle.

Le visage de l’inconnue

Lissa est arrivée. Vêtue d’une robe décolletée, un sac de haute marque accroché à l’épaule, au pied, une basse chaussure mariée à la couleur de son sac. Sa forme est exceptionnelle. Tout faisait d’elle une femme très jolie mais pas belle. En gentleman, je l’avais conviée dans ma chambre. Le transfert de photos en cours, nous partagions une bouteille de bière pour saper la gueule de bois d’hier. Puis une autre bouteille. Ensuite deux autres bouteilles. Encore deux autres bouteilles. Du coup nous, avions décidé de passer la nuit ensemble. De cette nuit, s’en est suivie une autre. Puis une encore.

Je suis devenu accro à Lissa. Chaque nuit, je voudrais la passer avec elle. Cette envie m’obsédait. Elle régnait dans mes pensées en maître absolu. C’est une véritable machine au lit, une lionne qui ne lâche rien. Elle me griffait, me trainait, m’essoufflait… elle me laissait à chaque fois comme une épave. Au lendemain de notre treizième nuit, j’ai décidé d’arrêter mon infidélité. De ne plus la revoir. La future mère de mon enfant ne mérite pas ça. D’ici quatre semaines, elle va accoucher. Et je voudrais être là, pleinement pour notre premier enfant. Finalement, c’est à la dix-septième nuit que nous avions rompu.

Le retour

Le temps a passé. Ma fiancée donna naissance à une fille. Ma belle-famille était très fière de moi. J’ai tout fait pour que leur fille ne manque de rien. Je crois même avoir gagné l’estime de l’ainé de la famille. Lui qui n’imaginait pas qu’un pauvre basketteur comme moi pouvait faire autant. Par amour à notre enfant qui porte son prénom, il nous demande d’aménager dans l’une de ses mini-villas. Et m’a garanti un emploi à la fin d’un stage dans sa boîte. Après un refus d’égo, j’ai fini par céder.

Un matin, je partais pour mon stage quand j’ai reçu un appel. Avec précipitation, je décroche. Au premier mot, j’ai reconnu la voix. C’est Lissa. Elle exige qu’on se voie, que ça ne doive pas attendre. Dans l’insistance de sa voix, nous avons pris rendez-vous pour la première fois dans un café. J’étais le premier à répondre présent. A son arrivée, l’envie de la mettre dans mon lit prend le dessus sur moi. Elle est devenue plus charmante qu’avant. « Tu dois le savoir », la première phrase qu’elle m’a dite après les civilités. « Je porte ton enfant ». La seconde phrase m’a glacé le corps. J’ai pris peur. Pendant que je cherchais à me souvenir de la dernière fois où nous avions fait l’amour, Lissa m’avoue qu’elle ne compte pas garder le bébé. Ce fut de trop ! Je ne pouvais plus, je l’ai quittée. Angoissé, terrifié, l’esprit tourmenté…Et si Lissa n’avorte pas ? Et si tout se passe mal pendant son avortement ?  Non, elle me fait chanter pour se venger de moi ? Et si ma fiancée apprend tout ça…  Je dois lui dire la vérité ?   Surement pas, Lissa ne reviendra plus.

Partagez