Société : l’électricité, le luxe des Tchadiens

Article : Société :  l’électricité, le luxe des Tchadiens
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22 juin 2021

Société : l’électricité, le luxe des Tchadiens

Il fait chaud à couper le souffle. La température frôle facilement 40 degrés. Dans la cour de la maison, des nattes sont étalées en pêle-mêle. Les moustiquaires attachées l’une après l’autre. Un vent précaire souffle et peine à faire bouger les feuilles des arbres. Torse nu, j’observe tout le monde dormir. Les uns ont déjà le sommeil profond. Les autres ronflent péniblement.

Moi, je voudrais bien aussi m’allonger comme eux. Profiter de cette bouffée d’air momentanée. Mais il y a plus de  place. La cour est complètement occupée. Impossible d’installer une autre natte aux côtés des autres. Il ne me reste plus qu’une chose à faire : regagner ma chambre. Mais à l’intérieur, c’est l’asphyxie garantie sans électricité. Oui, cette nuit comme la précédente, nous n’avons pas d’électricité. Même avant-hier, pendant que je partais au travail, il y avait le délestage.  Autrement, ça fait trois jours de suite que nous sommes dans le noir. Pour nous, c’est mieux semble-t-il. Il se dit que certains quartiers de la capitale comptent une semaine sans courant.

Pour moi, si la Société nationale d’électricité, coupait le courant dans la journée, cela ne va me révolter vu que je la passe sous la climatisation de mon bureau.  Mais la nuit, je voudrais profiter de mon abonnement de télé : suivre des matchs de football, regarder mes films et séries, mais surtout mettre en marche mes deux ventilateurs pour avoir un sommeil paisible.  Malheureusement, c’est à ces heures qu’elle coupe le courant .  Et à chaque fois qu’il y a coupure,  nous faisons place dans la cour de la maison. A la belle étoile, chacun veut s’offrir le plus beau rêve et oublier que le problème d’énergie au Tchad ne date pas d’aujourd’hui. Semble-t-il que même le jour de la proclamation de l’indépendance du pays, il y avait eu coupure d’électricité. Et que le premier président, Ngarta Tombalbaye a lu son discours d’indépendance dans le noir. Alors, je dois arrêter de penser à cet éternel problème et trouver une solution.

Aussitôt, j’ouvre grandement la porte et la fenêtre de ma chambre.  Question d’oxygéner un peu la pièce. «  Mais comment nous n’avons pas pu résoudre le problème de l’énergie en six décennies ? ». J’avance vers la douche avec un seau d’eau en main sans la réponse à ma question. Je sais que les autorités avaient annoncé pour la énième fois la fin de la crise énergétique. Elles avaient commandé des groupes électrogènes, entamé la construction des centrales…

Après ma douche, me voici allongé. Un vent aigre me caresse les oreilles. Couché sur le côté, les yeux tournés vers le ciel.  « … » Une voix m’interpelle. Subitement, j’ouvre les yeux… je suis dans ma chambre et le comble, je suis dans le noir. Les hélices de mon ventilateur ne tournent pas. Mon couchage trempé de sueurs. « Il faut fermer la porte et la fenêtre » me met-elle en garde pour éviter tout éventuel cas de vol. Après un soupir, je me disais, qu’habituellement, à cette heure (1h 27), la Société nationale d’électricité laissait le courant. Mais ce n’est pas le cas cette nuit. J’ai pris encore un autre seau d’eau. Je me dirigeais encore vers la douche. Une autre douche est obligatoire. J’aurais simplement a changer de drap et m’allonger de nouveau. Dormir trois heures de plus avant que le la levée du jour me fait grâce de sa température glaciale.

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